Il est vraiment décevant de prendre une bonne photo et de constater au tirage qu’elle est ratée à cause d’un matériel défectueux; il est donc utile de procéder régulièrement à certaines vérifications.



Mais comment mesurer et vérifier des grandeurs comme la vitesse d'obturation, la distorsion, la résolution de l'objectif et la qualité de la mise au point, sans investir dans un matériel coûteux et pas du tout rentable pour un photographe amateur ?




Voici quelque trucs et astuces, issus d'articles divers et d'expériences perso pour faire les vérifications principales, et vous assurer du bon fonctionnement de votre matériel, avec des moyens très simples. 



Si vos photos sont toujours floues ou mal exposées, c’est sans doute votre technique de prise de vue qui doit étre revue. Mais il se peut aussi que votre matériel ne fonctionne pas correctement. Quelques tests simples permettent de savoir si votre objectif ou le système d’obturation sont en cause, Il s’agit, avant tout, de tester la netteté de l’objectif (résolution des petits détails et précision de mise au point) et la précision de l’obturateur. Ces tests sont conçus pour dépister des défauts, mais rien ne vous empêche de les appliquer pour voir comment fonctionne vôtre matériel.


Ces quelques test sont aussi bien adaptés aux appareils argentiques qu'au appareils numériques, compacts ou reflex...



La résolution de l’objectif


Vous pouvez tester la résolution (le pouvoir séparateur) de votre objectif en prenant une série de photos d’une mire de test et en analysant les résultats. Les mires sont de différentes sortes, selon la précision des résultats que vous désirez obtenir, mais il faut avant tout éliminer tous les défauts de netteté dus à une technique défectueuse.


Pour le contrôle: un peu de rigueur


Il est important de fixer l’appareil sur un trépied et de travailler avec un câble de déclenchement pour éliminer au maximum les risques de vibration. L’appareil doit être orienté correctement par rapport à la mire, qui doit être perpendiculaire à l’axe de l’objectif et parallèle au plan du film ou du capteur.


Si vous ne voulez tester que l’objectif, il est préférable d’utiliser un film au grain le plus fin possible, en numérique on travaillera à la sensibilité nominale du capteur (le moin de bruit numérique possible). Concernant l'argentique, il est plus rationnel de tester la résolution de l’objectif, du film et du révélateur que vous utilisez généralement. Si vous obtenez des résultats nets avec cette combinaison, tout manque de netteté est dû, sans doute, à des erreurs techniques ou à un défaut du système de mise au point. L’objectif devrait donc être testé à chaque ouverture.


Pour avoir une idée générale de la netteté d’un objectif, essayez de photographier un mur de brique, si possible avec une texture et un dessin assez grossiers, à une distance comprise entre 7 et 30 m. Il faut que le temps soit clair et que le mur soit éclairé de manière uniforme. Examinez les photos développées pour vérifier le rendu des parties peu ou très contrastées dans les détails, aux diverses ouvertures et sur tout le champ de l'objectif.


Utilisation d'une mire de test


Si vous voulez déterminer le pouvoir sépararateur de votre objectif en lignes par millimètre, vous devez utiliser une mire de test optique éclairée de manière uniforme, collée sur un panneau ou fixée sur un mur. Ces mires sont destinées à être photographiées d’une certaine distance.


La mire n° 2 de Paterson, par exemple, est conçue pour remplir le négatif à une distance 40 fois supérieure à la focale de l’objectif, mesurée à partir du plan du film (qui est souvent indiqué par un repère sur le boîtier). Si les mires sont plus petites, il faut en juxtaposer plusieurs si l’on veut qu’elles remplissent le viseur.


Examinez les négatifs ou les diapositives avec une lampe assez puissante; repérez le plus petit motif clairement visible (les lignes et les espaces doivent être bien distincts) et relevez le chiffre qui se trouve à côté. Ce chiffre représente le nombre de paires de lignes par millimètre que l’objectif a séparées; quant aux objectifs conçus pour les appareils 24 x 36 mm, la résolution au centre de l’image devrait être au moins de 50; une résolution de 100 peut être considérée comme très bonne.


Attendez-vous à ce que la résolution soit moins bonne dans les bords de l’image et aux petites et aux grandes ouvertures; la meilleure résolution correspond généralement à une ouverture moyenne (f/8, par exemple, pour un objectif standard).


Les causes les plus courantes de mauvaise résolution sont une qualité médiocre de l’objectif et un développement incorrect. Pour trouver la cause exacte, il faut poursuivre les tests en variant les combinaisons objectif-film-révélateur-développement. Mais avant, iI faut savoir si le système de mise au point de l’appareil fonctionne correctement.


Tests de mise au point


La mise au point est très facile à contrôler avec une règle graduée, posée verticalement à 45° par rapport à l’axe de l’objectif. Mettez l’objectif au point sur l’une des graduations de la règle (en en prenant note) et prenez une photo. Ce test doit être effectué à pleine ouverture; en effet, aux ouvertures réduites, les petites erreurs de mise au point peuvent être compensées par la profondeur de champ.



 

Sur le cliché, vous examinez alors la graduation relevée pour voir si elle est toujours nette. Si c’est une autre qui est plus nette, recommencez le test pour être sûr que vous avez bien procédé la première fois. Si l’appareil a un verre de mise au point amovible, assurez-vous qu’il est bien en place.

Si vous voulez tirer le maximum de votre appareil, toute anomalie entre le viseur et le plan du film (ou capteur) devrait être traitée par un réparateur professionnel.

Le même test est valable pour vérifier l’échelle des distances, en mesurant la distance séparant le plan du film et le sujet et en la comparant avec ce qui est indiqué sur la bague.



 

La précision de cette échelle n'a d'importance que pour les compacts, bridges et tous les appareils à visée séparée, et seulement s'il faut faire une MAP en se fiant aux graduations, donc de nos jours jamais. C'est donc seulement valable pour les collectionneurs qui utilisent encore des boitiers des années 50 à 60, sur lesquels la mise au point etait faite avec la graduation sur l'objectif (bonjour la précision !)


La mise au point sur un réflex étant faite à travers les lentilles de l'objectif, la netteté de l'image sera assurée même si l'échelle des distances est un peu « fumante ». Je fais la remarque, car sur certains objectifs russes (Hélios 44 entre autres...) il m'est arrivé de remarquer des décalages impressionnants (les mètres russes ne doivent pas faire la bonne longueur !). Malgrès ce défaut, ils donnent de très bons résultats. Attention toutefois lors de prises de vues à la volée en hyper-focale, à ne pas se faire tromper par les décalages !


Distorsion


La mire peut également servir à déceler une distorsion, si vous composez l’image de telle sorte qu’elle remplisse bien le viseur. Si, sur la photo, le bord de la mire est courbé vers l’extérieur, il y a distorsion en barillet; s’il est courbé vers l’intérieur, il y a distorsion en coussinet. Pour plus de précision, tirez une épreuve et contrôlez avec une règle si les lignes droites le sont bien, après vous être assuré que l’agrandisseur ne produit aucune distorsion (Les accros du numérique s'en moqueront ! Vive notre époque...)


Si c’est l’objectif qui est en cause, il n’y a pas grand-chose à faire. Heureusement, tant qu’elle n’est que légère, la distorsion ne se remarque généralement pas si l’image ne comporte pas de lignes droites (le côté d’un édifice, une fenêtre ou une porte ouverte, par exemple) dans les bords.


Test d’obturateur


L’obturateur n’est pas aussi facile à tester qu’un objectif. Pour obtenir des résultats d’une grande précision, les fabricants ont recours à un matériel très perfectionné et coûteux. Il existe, cependant, quelques méthodes simples qui vous permettront de vérifier si les vitesses d’obturation sont correctes.


Avec les reflex à obturateur focal (la grande majorité), ce contrôle peut être effectué avec un téléviseur (ancienne génération à écran cathodique; vous vous rappelez de ces grosses armoires normandes ?). Cette astuce ne fonctionnera pas avec votre dernier écran plasma ! Il ne fallait pas avoir des gouts de luxe...


La pièce étant obscurcie (pour éviter les reflets), montez la luminosité du téléviseur et mettez votre appareil sur un trépied. A l’aide d’un film rapide (pour pouvoir adopter une vitesse élevée), photographiez l’image télévisée à toutes les vitesses à partir de 1/30e de seconde. Les appareils à rideaux horizontaux doivent être fixés horizontalement et ceux àrideaux verticaux, verticalement, pour que l’obturateur fonctionne dans les deux cas horizontalement par rapport au téléviseur.


Examinez les épreuves développées avec une loupe et comptez les lignes de l’image télévisée, mais uniquement celles qui sont lumineuses; une ligne à peine visible est sans doute le dernier «reflet» du balayage précédent. A partir du nombre de lignes, il est possible de calculer la vitesse réelle, à l’aide de la formule développée dans l’encadré.


La partie sombre de l’écran de télévision (sur la photo) est généralement une bande en diagonale, dont la largeur n’est pas la même partout. Cela est dû à l’accélération des rideaux de l’obturateur durant l’opération. Par conséquent, pour plus de précision, comptez toujours les lignes au centre de l’image télévisée. De plus, il est préférable d’effectuer le test avec un téléviseur noir et blanc, l’image couleur étant constituée de trois séries de lignes ou de points, ce qui peut entraîner des difficultés d’examen.


Voici à gauche un exemple de test réalisé avec un reflex numérique. Le téléviseur est sur une position AV, dans l'attente d'une entrée extérieure. Comme il n'y a rien, l'image est uniformément bleue. Afin d'éviter de compter ligne par ligne le nombre de lignes allumées, je le mesure en pourcentage. 76,1% de lignes allumées, sur un téléviseur de 625 lignes, cela en fait 476. En appliquant la formule citée plus haut, je trouve:
1/(625:476)x25=1/32,8 (la vitesse sélectionnée sur le boitier etait 1/30...)

Cette méthode est précise, rapide et elle est particulièrement bien adaptée aux réflex numériques. Car il est ensuite très facile de faire un comptage des lignes avec les outils de mesure que l'on trouve dans les menus des logiciels de retouche.

Les obturateurs centraux peuvent également être testés par cette méthode. Le comptage des lignes est finalement plus facile avec ce type d’obturateur, puisque la bande sombre est horizontale. Mais il est aussi possible de tester les faibles vitesses d’un obturateur central à l’aide d’un tourne-disque.


Il faut, pour cela, coller une marque bien visible sur le bord du plateau du tourne-disque, le faire tourner et photographier la marque à diverses vitesses. Celle-ci est enregistrée floue sur le film et c’est à partir de sa longueur qu’on peut déduire la vitesse d’obturation. Hélas! ce test est imprécis aux vitesses élevées, car la marque ne bouge pas assez au cours d’une exposition. La meilleure vitesse pour le tourne-disque est de 45 tours/minute, ce qui donne trois quarts de tour à la seconde. Il est important que cette vitesse soit précise; il faut donc que votre tourne-disque ait une vitesse réglable qui puisse être contrôlée et ajustée.


Placez l’appareil de photo sur un trépied, directement au-dessus du tourne-disque. Placez une règle graduée en centimètres près du plateau et assurez-vous qu’elle est bien dans le viseur. Avec un film noir et blanc, photographiez le tourne-disque à toutes les vitesses à partir de 1/60e de seconde (et moins) et effectuez des tirages grandeur nature (comprenant la règle).


Pour déterminer la vitesse réelle, il faut calculer le déplacement que la marque accomplit en 1 seconde. Mesurez ou calculez la cir conférence du plateau du tourne-disque (la partie la plus large de la marque étant sur le bord). Comme le plateau fait 0,75 tour/seconde, la distance parcourue en 1 seconde est de trois quarts de circonférence. Par exemple, pour un plateau d’un diamètre de 26 cm, la marque parcourt 61,5 cm en uneseconde.


Mesurez la longueur totale de la tache floue sur l’épreuve, soustrayez la longueur de la marque réelle (pour trouver le mouvement exact) et divisez le résultat par la distance parcourue en 1 seconde. Cela donne la vitesse d’obturation. Si, dans notre exemple, le flou est de 3,5 cm de long et lamarque de 1 cm de large, la vitesse d’obturation est: 2,5:61,5 = 1/24,6, soit 1/25e sec. Fastoche !!!